Woerth me réveille de ma torpeur.
J'étais en panne d'inspiration depuis quelques jours et puis j' ai entendu par hasard notre toujours ministre du travail , le très probe Woerth. Réveil immédiat. Je m'explique. A un journaliste qui lui demandait comment allait sa femme , il a répondu sans sourciller:
-" Ma femme cherche du travail comme beaucoup de femmes dans notre pays".
Pauvre madame Woerth, la voilà contrainte de délaisser les boutiques Hermès pour le Pôle Emploi parmi des gueux mal fagotés.
Le Woerth, avec son air de cul bénit, ne nous aura rien épargné.
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J'oublie ce cynique personnage pour me réjouir de la remontée des mineurs chiliens qui viennent de quitter les entrailles de la terre. La terrible épreuve qu'ils ont vécue a permis de montrer la solidarité dont les hommes peuvent être capables. Solidarité des prisonniers de la mine mais aussi des sauveteurs.
Mais mon scepticisme quant à la nature de l'homme me dit que cette réconfortante fraternité risque fort de se lézarder bien vite. Déjà, à la sortie, il fallait visiblement un héros aux journalistes. Ce fut le dernier à remonter et ,par hasard ,le chef proclamé du groupe. La presse people est en route: il y a beaucoup d'argent à gagner tant que l'événement est chaud. Discourir sur la vie privée de ces mineurs est plus vendeur que d'enquêter sur leurs conditions de travail. Au plan politique, le président du pays en a fait des tonnes. Il y avait sûrement une bonne part de sincérité dans son engagement mais aussi un moyen inespéré de redorer sa côte de popularité au plus bas avant l'accident.
Imaginons que les mineurs soient morts. Ils seraient déjà oubliés depuis longtemps.
Le fait de parler des mineurs me rappelle un poème de Victor Hugo extrait des "Contemplations." Il évoque le travail des enfants au XIX siècle. Dans de nombreux pays , ce texte est encore d'actualité aujourd'hui.
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules
Ils vont, de l'aube au matin, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur! La cendre est sur leurs joues.